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IA : un nouveau plan européen pour rattraper le retard face aux États-Unis et à la Chine

L’Union européenne aussi veut sa part du boom de l’IA. Accusée de corseter l’innovation, la Commission ouvre les vannes avec une nouvelle initiative, l’AI Continent Action Plan, qui vise entre autres à créer une infrastructure de données et de calcul sur le vieux continent. Une manière de répondre aux États-Unis et à la Chine qui n’ont pas attendu pour multiplier les investissements et faire la course en tête.

J.D. Vance, le vice-président américain, a mis les points sur les « i » début février, en clôture du sommet sur l’IA qui s’est tenu à Paris. Le bras droit de Donald Trump a fustigé la « réglementation excessive » du secteur de l’IA, qui pourrait « tuer une industrie transformatrice au moment même où elle prend son essor». Cette « nouvelle révolution industrielle » ne se produira pas « si une réglementation excessive dissuade (…) de prendre les risques nécessaires pour faire avancer les choses ».

Lire « L’Amérique ne l’acceptera pas » : le vice-président US met en garde l’Europe et sa réglementation IA

Ce discours, assorti de menaces très claires envers l’UE, visait d’abord et avant tout à protéger l’industrie américaine de l’IA, seule habilitée aux yeux de J.D. Vance à dominer le monde. Il a cependant eu le mérite de faire sonner l’alarme au sein de la Commission. Des ajustements en catastrophe ont déjà été fait, mais l’UE vit désormais sous le régime de l’AI Act, entré en vigueur l’an dernier. Le texte impose aux développeurs d’IA des obligations de transparence et de gouvernance, et catégorise l’IA en fonction de sa dangerosité vis à vis de la société.

Après le bâton, la carotte. La Commission a présenté aujourd’hui une batterie de mesures en faveur de l’IA regroupées sous la bannière « AI Continent Action Plan ». L’UE veut mettre en place un réseau d’« AI Factories » autour des supercalculateurs européens (13 déjà en déploiement) et lancer un appel pour des « AI Gigafactories » dotées de 100 000 puces IA pour entraîner des modèles « de nouvelle génération ». 20 milliards d’euros sont mobilisés pour ce dernier projet.

L’initiative cherche aussi à développer un « marché intérieur des données » donnant accès à « des données massives et de qualité ». La stratégie Apply AI vise à accroître l’adoption de l’IA dans les secteurs stratégiques publics et privés. Des bourses et l’académie AI Skills faciliteront le recrutement international de talents et le rapatriement de chercheurs européens.

Enfin, la Commission parle de simplification réglementaire via la mise en œuvre de l’AI Act et le lancement d’un guichet d’aide à la conformité pour les entreprises. Toutes ces mesures vont faire l’objet de consultations publiques jusqu’en juin.

Durant ce même sommet parisien, l’UE avait déjà mis en place une enveloppe de 200 milliards d’euros dans le cadre du programme InvestAI. L’idée générale est de faire du continent européen un « leader mondial de l’intelligence artificielle », comme l’explique Henna Virkkunen, la commissaire en charge de la souveraineté technologique.

« Cela signifie une économie plus forte, des avancées majeures dans la santé, de nouveaux emplois, une productivité accrue, de meilleurs transports et une meilleure éducation, une protection renforcée contre les cybermenaces, ainsi qu’un soutien dans la lutte contre le changement climatique », affirme-t-elle. Un vœu pieux pour le moment car pour le moment l’UE est surtout la cible de critiques pour ses réglementations.

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Source : Commission européenne


Mickaël Bazoge